La marque Seat est née d’une rencontre entre intérêts publics et intérêts privés. Dès la fin des années 1940, l’Institut National d’Industrie (INI) entame en effet des discussions avec la compagnie turinoise Fiat, afin de créer une grande compagnie espagnole capable de galvaniser l’économie du pays et de motoriser les espagnols. À l’époque, l’automobile était encore un objet de luxe : il y avait seulement une voiture pour trois mille habitants en Espagne. L’idée était donc de créer une compagnie automobile sous contrôle du gouvernement espagnol afin de garder la mainmise sur les prix. C’est ainsi que voit le jour la marque SEAT (pour Sociedad Española de Automóviles de Turismo), le 29 mai 1950.
Les débuts de la marque SEAT
À ses débuts, la marque SEAT est contrôlée à 51 % par l’INI (l’Institut National d’Industrie), à 42 % par un conglomérat de banques et à 7 % par FIAT. Le constructeur produit essentiellement des modèles Fiat sous licence, déclinés de manière propre au constructeur auto espagnol. L’usine SEAT s’étend à l’époque sur 20.000 mètres carrés dans la zone franche du port de Barcelone ; un chiffre qui atteindra les 420 000 au cours des années 70. L’objectif est alors de produire 40 % des composants en Espagne et, une fois la production bien entamée, d’arriver à fabriquer 100 % des composants dans le pays.
Le 13 novembre 1953, la première voiture SEAT arrive sur le marché automobile : il s’agit du modèle 1400, immatriculé 87223, 44 cv et une vitesse limitée à 120 km/h. Il s’agit en fait d’une copie de la FIAT 1400. Avec la sortie de cette nouvelle voiture, SEAT double ses objectifs initiaux avec 80 % de pièces fabriquées sur le sol espagnol. À cette époque, l’usine, forte de 925 employés, fabrique cinq voitures par jour. Un chiffre qui peut prêter à sourire, vite amené à évoluer tant la demande va exploser dans les années qui vont suivre.
Seat, le miracle espagnol
À cette époque, SEAT pouvait recevoir jusqu’à dix mille commandes de voitures par jour. La demande explose à tel point que Seat met en place un système de file d’attente, et se voit contrainte de refuser certaines commandes. En 1955, plus de 7.000 voitures sont fabriquées par an, et plus de 10 000 en 1956. SEAT possède alors 93 % du parc automobile espagnol : le pari est réussi.
Le 15 octobre 1955 naît la SEAT 600, quasi identique à la F.I.A.T 600 italienne dessinée par Dante Giacosa. La SEAT 600 avait pour but de motoriser les espagnols, la SEAT 1400 s’étant révélée trop couteuse. Pour fabriquer les SEAT 600, la marque a dû investir 3.000.000 de dollars pour changer les machines et les adapter au nouveau modèle : un investissement énorme pour l’époque, qui sera vite rentabilisé. Cinq ans après sa création, SEAT fabrique 39.000 voitures, et près de 200.000 dix ans plus tard. Le succès est total : la SEAT 600 représente à elle-seule 75 % du parc automobile espagnol.
1967 : désengagement de l’Etat au profit de FIAT
En 1967, Seat arbore le statut de premier constructeur auto d’Espagne. L’Etat espagnol décide alors de réduire sa part à 32% et de laisser les mains libres à Fiat qui possède alors 36% du capital. La SEAT 127, réplique de la FIAT 124, sort en 1972. A nouveau le succès est au rendez-vous : elle s’écoule à plus de 50 000 exemplaires en l’espace de 6 mois. La relève de la 600 est assurée ; la première crise pétrolière des années 70 elle-même ne parviendra pas à calmer les ardeurs espagnoles.
1975 : mort de Franco et ouverture du marché automobile
La mort du Général Franco aiguise les appétits des grands constructeurs automobiles. Fiat espère bien récupérer la totalité de l’entreprise mais c’est sans compter sur une mainmise politique toujours vivace qui l’en empêche. Et puis, en 1976, la marque lance à la surprise générale l’un de ses modèles emblématiques : la Seat 1200 Sport Bocanegra, un OVNI 2 portes doté d’une traction avant. La marque fait son entrée au panthéon des belles mécaniques, et y gagne quelques lettres de noblesse.
Années 80 : Fiat se désengage de Seat
Au début des années 80, SEAT produit toujours autant de véhicules mais parvient difficilement à se relever du second choc pétrolier. La marque accuse le coup ; tout le monde s’attend à un rachat par Fiat. Il n’en sera rien : suite à un audit mené en interne, FIAT prend conscience de la précarité de sa situation et du poids financier représenté par Seat. Le constructeur italien prend alors la décision de se désengager, et de revendre chacune de ses actions à l’INI pour un peseta symbolique. La belle histoire entre Seat et Fiat prend fin.
Seat et Volkswagen, une affaire qui roule ?
Fort d’un nouveau partenariat commercial, Seat s’appuie sur l’expertise de la marque allemande Volkswagen pour écouler ses modèles en dehors de ses frontières. En échange, la « marque du peuple » fabrique certains modèles en territoire ibérique, au sein même des usines Seat. Un partenariat fructueux qui se conclura par le rachat de Seat par Volkswagen en 1986.
Depuis, la marque accumule les fortunes diverses – notons les jolis succès des modèles Ibiza et Leon – et peine à se remettre des contrecoups de la crise économique. Elle devrait néanmoins investir 3,3 milliards d’euros entre 2015 et 2019 dans le développement de quatre nouveaux modèles dont un SUV compact, nouveau segment de marché pour la marque.
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Droits d’image : Jose Luis Cernadas Iglesias, 1840-Seat 600 en Hospital de Orbigo (Leon) prise le 4 mai 2010 via Flickr, Licence Creative Commons; Spanish Coches, 1976 Seat 1200 Sport “Bocanegra” prise le 10 juillet 2011 via Flickr, Licence Creative Commons